
Le Jardin des Tortures

C’est ainsi. Pas autrement. Actes, donc conséquences. Billy est défiguré. Il est brûlé. Son œil ne voit plus. Il n’entend que d’une oreille. Les flammes ont léché sa chaire et y ont laissé des traces que rien ni personne ne pourra jamais effacer. Plusieurs opérations ont été faites. Pour lui redonner un visage humain. Pour que ce gosse, de treize ans à l’époque, puisse espérer avoir une vie normale. Mais comment ? Sur son chemin, les enfants pleurent. Les femmes ont une moue de dégoût. Les hommes l’esquivent ou le plaignent. Et lui déteste ça. Il ne veut pas qu’on le regarde. Il ne veut pas être là. Ni là, ni ailleurs. Il voudrait juste disparaître. Et emporter le reste de ce monde pourrit avec lui, dans un gigantesque brasier où le plus beau des éléments réduira tout en cendre. Il ne restera rien. Rien à part les corps calcinés. Rien à part le néant. Mais non. Non, il doit se lever tous les jours
Il doit se lever tous les jours et vivre. Car ce qui le maintient en vie, c’est de faire le mal. Et comme il l’a déjà dit, le mal, il le fait bien.
Peut être que si les flics avaient plus de temps à tenter de comprendre pourquoi ce gosse devenait un foutu délinquant, il n’aurait pas arraché les dents de cet espagnol. Peut être que si les travailleurs sociaux et les médecins avaient pris le temps de tenter de le comprendre, il n’aurait pas autant souri en voyant la barraque de son ancien dealer s’embraser. Peut être que si cette salope ne lui avait pas rit au nez lorsqu’il avait essayé de la draguer, elle n’aurait pas retrouvé son chien décapité devant sa porte le lendemain. La tête? Une fois suffisamment décomposée, il la lui enverra dans un carton.
Tout ça importe peu. Oui, peu importe. Avec des marques comme les siennes, rien n’a vraiment d’importance.
