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A sa naissance, sa mère l’avait regardé sans ressentir envers cette enfant la moindre tendresse.

 

« Tu comprendras quand tu rencontreras ta fille qu’il s’agira du seul amour de ta vie. »

Mais il ne s’était rien passé. Absolument rien. A part la douleur, l’épuisement, et finalement une césarienne qui lui avait laissé une cicatrice qu’elle ne parviendrai jamais à accepter. Comme son enfant. Jamais elle ne ressentit d’amour pour sa fille. Non pas à cause du géniteur ou d’un quelconque traumatisme. Elle n’était simplement pas faite pour être mère. Son géniteur d’ailleurs, aura été assassiné par l’homme qui, par la suite, se sera fait passer pour son père. Et qui, finalement, est la seule figure parentale qu’elle possède.

Son enfance, Ambre la passa sans ami de son âge. Entourée par des adultes, dans le monde si particulier de son père adoptif (dont elle apprendra le statut à l’adolescence) et de ses oncles. Certains jours, alors qu’il travaillait, Ambre s’installait sur un tabouret, prêt de la table d’autopsie et s’amusait à dessiner ce monde imaginaire duquel elle s’imaginait être la reine. Son père l’autorisa même une fois à maquiller l’un des corps dont il s’occupait. Elle avait appliqué du feutre rouge sur les lèvres, du noir sur les paupières et avait ajouté un papillon sur la pommette, pour s’assurer de rendre le mort le plus beau possible ! Un papillon sur la tempe. Un papillon sur la gorge. Un papillon sur la clavicule. Et en repoussant le drap, elle avait vu la chaire béante. Ambre avait passé plusieurs secondes à contempler le cadavre sans comprendre, avant de tendre habilement un feutre pour l’enfoncer sous la peau du mort. Son père l’avait regardé faire, puis avait déposé un baiser tendre sur son front.

« Regarde Ambre. Regarde et apprend. Tu n’as pas à avoir peur de la mort. Elle est insignifiante. Tu ne dois craindre rien ni personne. Car personne ne doit t’importer. Tu es la seule à pouvoir te faire du mal, ma fille. Et je suis le seul à t’aimer. »

Ambre en avait fait des cauchemars. Non pas à cause des corps sans vie. Mais bien à l’idée de perdre un jour son père. Une relation fusionnelle, et très peu saine, à bien y regarder.

A son entrée dans l’adolescence, son père disparu. Durant plusieurs mois. Le début de la fin pour l’enfant parfaite sous tous les angles qu’elle était.

L’anorexie, pour commencer.

Puis l’automutilation.

Des dessins, de plus en plus macabres.

Et des histoires écrites, sans queue ni tête pour certaines, mais dont la conclusion était à chaque fois identique ; la mort.

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