

Ses parents avaient-ils fait preuve d’ironie ou était-ce là l’incarnation de cet amour imaginaire? Ghost. Un pseudonyme ou un véritable nom. Est-ce important? Rien ne l’est lorsque l’on est un fantôme. Certains dictionnaire définissent ce mot de cette façon:
“ Personne, chose qui n'existe que dans l'imagination ou qui ne joue pas son rôle avec la vigueur attendue”
“Forme blanchâtre, indistincte”
“Illusion de l'esprit, création bizarre de l'imagination”
“Être imaginaire et idéal”
Et en grandissant, c’était exactement ce qu’il était devenu. Ghost était née avec les cheveux blanc. A l’âge adulte, il deviendrait aveugle. Son système immunitaire ne valait rien et si il dépassait l’âge de dix ans avec ce cœur malade, alors il s’agirait d’un véritable miracle. Lui, il avait franchi cet âge maudit. Ça n'avait pas été le cas de ses parents qui avaient laissé à leur enfant une importante somme d’argent et bon nombre de traumatismes. Ainsi qu’une éducation plus que douteuse.
Son parrain avait alors choisi de s’occuper de cet enfant qui l’avait toujours hypnotisé. Avant de pouvoir disposer de cet argent, Ghost allait devoir atteindre la majorité et la fortune serait utilisée selon le bon vouloir de son nouveau tuteur.
Beaucoup s’y étaient opposés. Samuel était un homme étrange, un flic odieux que l’on soupçonnait de traîner dans des histoires abominables. A cause d’un différend politique, Samuel et la famille de l’albinos ne s’étaient pas vu pendant de très longues années. A leur mort, Samuel était arrivé dans le monde de cet enfant après des années d’absence, fraîchement sorti de prison. L’enfant n’avait plus à s’en faire, il serait là pour lui. Qu'avait-il à craindre ce gosse pâle et plus faible qu’une brindille?
Les années s’écoulèrent à vive allure. L’argent investi dans les affaires de Samuel avait donné plus encore qu’il l’avait espéré et bientôt, tout ce petit monde que le criminel s’était construit devint réel.
“Un très bon avocat. Samuel sait de quoi il parle quand il évoque le crime n’est-ce pas?”
Et à ses côtés, ce gamin pâle comme la lune qui n’avait pas spécialement cherché une place, préférant resté de marbre pour ne pas attirer l’attention plus que ça n’était le cas déjà. Avec l’argent, il avait fréquenté de bonnes écoles, loin du foyer pour ne pas être une gêne. Sports et musique avait rythmé son quotidien jusqu’à ce qu’il ne décide de revenir au bercail. Samuel l’avait vu grandir, et ses traits d’adolescents avaient suffit à le faire céder à des bassesses sans nom, presque consentis. L’affection que l’homme adulte avait ressentit pour l’enfant s'était transformée en quelque chose de bien moins catholique qui devait rester secret.
Puis les visites de l’albinos chez son parrain s’étaient faites moins régulières. Il avait découvert le monde de la nuit, il avait trouvé sa façon à lui de briller dans l’obscurité. Sa pâleur fantomatique lui offrait tout le loisir d’illuminer le monde autour de lui. Loin de cet homme, loin de ce passé dont il ne voulait, loin de cette projection d’un futur qu’il reniait. Il ne reprendrait jamais les affaires familiales. Sa vie serait dédiée à voir le temps passer et à tenter d’y trouver une place. Une place qu’il avait fini par trouver dans une colocation chaotique, loin de Samuel, loin de la réputation de sa famille. Pas besoin de chercher bien loin lorsqu’on connaissait son nom de famille pour le relier à ce groupe de politiciens d’extrême droite dont les actes terroristes avaient fini par les mener à la mort. Pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre que cet enfant, plus blanc que blanc, avait été considéré comme l’incarnation même de ce que devait être la parfaite représentation de la pureté d’une “race supérieure”.





