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En premier, il y a eu Marilyn. Vous comprenez, ils s’étaient rencontrés lors d’une projection de «Don't Bother to Knock ». Joli prénom mais choix sincèrement moyen au vu de la référence… Marilyn est née blonde. Une gamine attentive au monde l’entourant, vive et qui au fil des années, se révéla être une véritable petite merveille malgré son sale caractère.

Eux avaient toujours voulu un fils. Alors pourquoi ne pas se laisser tenter. Marilyn les prévint rapidement, si elle avait un petit frère, il terminerait directement à la poubelle ! Chose qui fit rire le couple, attendrit par la sincérité si innocente de leur petite blonde.

Bien joué Marilyn… Une deuxième fille. Alice. Car, lorsqu’ils s’étaient installés ensemble, ils s’étaient rendu compte que tout deux avait ce fameux CD des Sisters of Mercy sur lequel apparaissait la chanson du même nom. Alors ce fut Alice. Une gosse aux cheveux noirs, aussi caractérielle que sa sœur, mais bien plus peste. Trois ans d’écart entre les deux premières. Et deux ans avec le troisième enfant qu’ils adoptèrent suite à l’annonce de la sage femme qui leur avait assuré que suite à son second accouchement plutôt délicat, elle ne serait plus capable d’enfanter. Deux parents. Deux filles. Et ils avaient priés pour avoir un fils. Alors lorsqu’ils adoptèrent ce garçon, ils le nommèrent Roy. Roy était différent. Plus lunaire. Apeuré lorsqu’une porte claquait, mais complètement indifférent lorsque sa sœur faisait glisser ses ongles le long du tableau noir sur lequel il aimait dessiner. Une année plus tard, une nouvelle grossesse. Comme si ils n’en avaient pas assez avec ces trois cafards ! La petite blonde qui aimait mener son monde à la baguette, la vicieuse qui s’amusait à foutre en l’air l’autorité qu’on lui imposait, et le plus jeune, ce petit roi lunaire et absent, que l’on entendait peu, puis qui se mettait à rire ou à crier trop fort, lorsqu’il ouvrait la bouche. Mais un nouveau garçon ! Pour qu’il n’y ai aucun jaloux. Durant la grossesse de sa mère, Roy se montra particulièrement attentif à elle, et à la façon dont son ventre venait à s’arrondir. Avec toute la douceur du monde, il touchait ce ventre épais et, lorsque pour la première fois, ses petites paumes sentir cet être bouger à travers les couches de chaires, Roy se mis à pleurer en assurer à tous que son frère lui avait parlé. Même avec la mauvaise élocution qui le caractérisait, Roy avait juré que son frère lui parlait. Les mois suivant, il avait été collé contre sa mère pour continuer à parler avec son petit frère très attendu. Puis il était arrivé. Adonis. Une véritable petite merveille. Qui était devenu le meilleur ami de Roy.

Quatre enfants. Et autant de bêtises qu’il était possible de se l’imaginer. La maison était grande. Les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Ils en avaient fait des conneries… Jusqu’à ce que les parents, Romy et Ahmed, ne se retrouve face au mur de reproches que leur firent les professeurs de Roy. Marilyn et Alice, malgré leur façon si particulière de faire la loi, étaient douées et attentives. Lui était… Distant. Un peu à part. Et puis, après plusieurs consultations, c’était tombé. Sourd. Roy était sourd. Si il sursautait en entendant les portes claquer, c’était à cause des brusques vibrations que provoquait le bois qui rencontrait brusquement le cadran de porte. Si il ne faisait pas attention aux voitures, dans la rue, c’était car il n’entendait pas le son des roues sur le sol. Si Alice lui faisait si facilement peur lorsqu’elle se jetait sur lui pour le surprendre, c’était car, si il ne sentait pas les vibrations de ses pas sur le sol, alors elle apparaissait comme un foutu fantôme !

Ironiquement, la nouvelle avait été difficile à entendre. Une montagne de démarches devaient être faites. Rendez vous avec un milliard de médecins tous plus incompétents les uns que les autres. La surdité sévère de l’enfant n’ayant touché qu’une oreille, on leur annonça une année après le premier diagnostique que sa seconde oreille semblait se dégrader peu à peu et qu’il risquait grandement de se voir devenir complètement sourd avant d’avoir atteint l’âge adulte.

Cette première année termina mal pour plusieurs membres de la famille. Face à cette nouvelle, la mère si aimante se laissa finalement aller de nouveau à ses vices avant d’avouer le terrible secret qu’ils gardaient depuis tant de temps. Roy était un gosse adopté. Et il ne pourrait jamais ce soigné de ce qu’elle leur expliqua être une maladie. A partir de ce moment là, la fratrie se mise à se placer d’une façon bien particulière. Roy se referma sur lui même. Tandis qu’Alice et Marilyn se mirent à le couver avec plus de ferveur que quiconque aurait été capable de l’imaginer. Si il était malade, alors elles devaient prendre soin de lui…

 

Les années passèrent. A l’adolescence, Marilyn refusa l’offre d’une prestigieuse école pour aller étudier à l’étranger, précisant qu’il était hors de question de laisser son pauvre frère seul. Alice fut la première à maîtriser la Langue des Signes française. Deux fois par semaines, elle prenait des cours avec une de ses amies, transmettant par la suite au reste de la famille. Adonis se mis à signer avec énormément de facilité, son plus jeune âge lui permettant une acquisition plus rapide. Quand au reste de la famille ? Ahmed tentait tant bien que mal de subvenir aux besoins de cette famille nombreuse, sa femme déclinant et niant complètement le handicap de son fils. Et pourtant, il était on ne peux plus évident… Retard scolaire car le garçon était incapable de comprendre avec autant de facilité que ses camarades. Heureusement pour lui, Roy était foutrement intelligent, ce qui lui permit, malgré ce retard, et grâce à une équipe éducative qualifié, de rattraper un minimum tout ce qui lui avait échappé durant tant d’années.

Ce fut d’ailleurs autour de cet handicap que la famille évolua… Les deux plus grandes filles furent de véritables figures maternelles, couvant leur cher petit frère comme si il était leur trésor le plus cher. Roy et Adonis développèrent eux une relation toute particulière, le plus jeune des deux voyant en l’autre celui qu’il voulait devenir un jour. Leur père ? Trop occupé à tenter de leur fournir un toit convenable pour réellement prendre part à la vie de famille. Leur mère ? Absente depuis l’annonce de cette surdité. Un peu plus suite à un diagnostique plus alarmant encore, et à la bipolarité de sa seconde fille.

Peu importait. Ce petit cocon que formèrent les enfants entre eux étaient tout ce dont ils avaient besoin…

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